Le temps est une ressource précieuse, d’autant qu’il ne peut se stocker…
Quelle que soit l’activité qu’elles exercent, on entend peu de personnes dire : « J’ai suffisamment de temps ».
Bien au contraire, qui n’a jamais prononcé des phrases telles que : « je suis débordé(e) » ; « je cours en permanence » ; « je n’arrive pas à tout gérer » ; « je n’ai pas le temps » ; « je prends du retard sur mes dossiers » ; « je ne sais plus comment faire »…. ?
Ces problématiques font partie des thèmes récurrents auxquels sont confrontés les managers ou les collaborateurs de tout type de structure – grande ou petite, appartenant au secteur marchand ou non marchand. Pour répondre à ces questionnements, de multiples ouvrages sont édités chaque année, et de multiples formations sont proposées par différents organismes. La plupart de ces offres se focalisent sur une série d’outils qui, pris un à un, sont certes intéressants, mais qui se révèlent assez vite peu pertinents si l’on n’a pas auparavant tenté de comprendre sa propre problématique de relation au temps, afin de cerner dans quelle mesure tel ou tel outil pourrait ou non fonctionner…
Grâce à l’éclairage que nous apporte l’Analyse Transactionnelle, nous aborderons donc dans cette lettre de mai les différents aspects que revêtent ces problématiques de gestion du temps, puis nous poursuivrons en juin par l’influence de notre scénario sur notre manière de gérer notre temps, et une fois le diagnostic posé, nous finirons cette étude au mois de juillet avec les clés d’une organisation efficace ciblée.
Lorsque l’on aborde la question de la relation de chacun vis-à-vis du temps, peuvent rapidement émerger un certain nombre de croyances profondément ancrées qui, au-delà des expressions toutes faites telles que « le temps, c’est de l’argent », « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », « ne jamais reporter au lendemain ce qui peut être fait le jour même »… façonnent durablement le positionnement de l’individu. Ces prises de position font émerger ce qu’il est d’usage d’appeler les « paramètres de l’inefficacité », qui sont autant de causes d’une gestion du temps peu optimum. Ainsi, certaines personnes vont vouloir tout faire en même temps, d’autres se laissent distraire, certains repoussent les tâches désagréables (la fameuse procrastination) quand d’autres encore ne se fixent pas d’objectifs, certains ne veulent (ou ne peuvent?) pas déléguer quand d’autres ne savent pas dire non, enfin certains se dispersent physiquement et d’autres se laissent envahir par la paperasse… Pris un à un, ces éléments ne sont pas systématiquement la preuve d’une gestion du temps non optimum, mais leur fréquence et leur accumulation conduisent presque systématiquement à la dérive.
Cependant, ces facteurs sont, la plupart du temps, bien connues des intéressés. Comment se fait-il alors qu’il leur soit si difficile de les surmonter ?
Tout simplement parce qu’une gestion du temps peu efficace procure un certain nombre d’avantages « cachés » : d’une part l’assouvissement de deux besoins essentiels, en l’occurrence la « stimulation » et la « reconnaissance » ; d’autre part la « fuite » d’activités non souhaitées ou de personnes non « désirables ».
Examinons de plus près comment se mettent en place ces avantages cachés, qui sont autant de freins à la mise en place d’une démarche efficace en termes de gestion du temps.
Pour appréhender ce point, il nous faut revenir à la théorie des rapports sociaux exposée par Eric Berne, psychiatre américain créateur de l’Analyse Transactionnelle, qui met en lumière trois besoins essentiels (cf. notre lettre de mai 2012) : stimulation, reconnaissance, et structure.
« Ne pas avoir le temps » est un moyen incontestable de fuir ce que nous redoutons : certaines tâches, certaines personnes…
Bien entendu, l’on peut « fuir » ces indésirables en se laissant aller à ne rien faire… mais il est possible d’être beaucoup plus « astucieux » que cela pour masquer – toujours inconsciemment – cette fuite. C’est ce que l’Analyse Transactionnelle décrit sous le terme de « comportements passifs ». A nombre de quatre, il est possible de les définir comme des moyens de ne pas faire ou de faire « inefficace ».
Quelle que soit la forme que prenne la fuite au travers de ces quatre comportements passifs, du plus apparent au plus obscur, elle permet donc de contourner le problème ou la tâche qui se présente, et engendre ainsi l’inefficacité.
Nous avons brossé dans ce premier numéro de notre étude les freins qui expliquent le plus fréquemment la difficulté à mettre en place une gestion du temps plus sereine – et ce malgré la bonne volonté de l’individu. Nous aborderons le mois prochain les aspects de notre identité qui déterminent nos comportements en matière de gestion du temps, et comment, après diagnostic, il sera possible de mettre en place une démarche ciblée.